Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/83

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renferme d’hommes célèbres dans tous les genres suffiroit à la gloire d’un règne. J’ai quitté Méhul, Grétry, Fourcroi ; et voilà Chénier, Parny, Boufflers, et Delille qui m’appellent. Je me crois dans l’Élysée ; j’erre dans ces délicieux bocages où les ombres heureuses se rassemblent pour se livrer aux douces jouissances de leur vie.


Écoutez, écoutez ; Delille a pris sa lyre :
Le laurier du Dieu qui l’inspire
Couronne son front radieux,
Et, dans un aimable délire,
Sa voix laisse échapper ses chants harmonieux.
A ses premiers accords Virgile vient sourire ;
Aux travaux de Cérès il instruit les humains :
Il montre, par quel art variant les jardins,
L’ami des champs, de la verdure,
Peut embellir et dompter la nature ;
Il l’enseigne à jouir de ses heureux destins.
Bientôt, d’une voix plus austère,
Et le cœur attendri par d’augustes malheurs,
Il chante la pitié qui console la terre
Des crimes de ses oppresseurs.
Rien n’arrête L’essor de sa veine facile :
Il la rallume au feu de Milton, de Virgile ;
Il peint le fils d’Anchise assailli par Junon,