Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/46

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celui que je destinais à Florence, que vint me demander lord Bristol ; le portrait de lord Bristol lai-même jusqu’aux genoux, et celui de madame Silva, jeune Portugaise que j’ai retrouvée depuis à Naples, et dont je parlerai plus tard. En tout, j’ai prodigieusement travaillé à Rome pendant les trois ans que j’ai passés en Italie. Non seulement je trouvais une grande jouissance à m’occuper de peinture, entourée comme je l’étais de tant de chefs-d’œuvre ; mais il fallait aussi me refaire une fortune, car je ne possédais pas cent francs de rente. Heureusement je n’eus qu’à choisir, parmi les plus grands personnages, les portraits qu’il me plaisait de faire.

La satisfaction d’habiter Rome pouvait seule me consoler un peu du chagrin d’avoir quitté mon pays, ma famille, et tant d’amis que je chérissais. L’intérêt qu’inspirent les beaux lieux est si vif pour tout le monde et si profitable à un artiste, qu’il suffit pour répandre quelque douceur sur la vie. Combien de fois, voulant me distraire de pensées trop pénibles,