Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/47

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j’ai été au soleil couchant revoir ce Colysée dont l’imagination ne saurait agrandir l’espace ! Il est impossible, quand on est là, de songer à autre chose qu’à ces effets si beaux si divers ! Les arcades, éclairées d’un ton jaune rougeâtre, se détachent sur ce ciel d’outre-mer que l’on ne voit nulle part aussi foncé qu’en Italie. L’intérieur ruiné de ce grand théâtre, qui est maintenant rempli de verdure, d’arbustes en fleur, et de lière qui court çà et là, ne doit encore sa conservation actuelle qu’à une douzaine de petites chapelles portant une croix, placées symétriquement au milieu de l’enceinte. C’est là que des confréries viennent faire des stations, et d’autres entendre prêcher un capucin. Ainsi, ce qui fut jadis l’arène des gladiateurs et des bêtes féroces, est devenu un lien consacré à notre culte. Quelles réflexions ne font point naître de semblables métamorphoses ! Mais dans Rome, peut-on faire un pas sans rêver à l’instabilité des choses humaines ; soit que l’on foule aux pieds ces marbres, ces débris de colonnes, ces fragmens de bas-reliefs qui faisaient l’orne-