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Page:Vigneron - Portraits jaunes, 1896.pdf/20

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PORTRAITS JAUNES

aiguilles ; encore en rentrant sont-ils rigoureusement fouillés. Voilà donc une contrée fermée, où il existe même une loi qui ordonne de mettre à mort tout étranger qui pénétrera sur son territoire. »

On sait que la surface du sol y est toute hérissée de hautes montagnes couvertes de sapins. Pas de routes, mais des petits sentiers qui tournent et serpentent dans les montagnes. Pas de voitures, mais tout est porté à dos d’hommes ou par les bœufs. Près de Séoul, comme près de Pékin, on pourra peut-être rencontrer quelques énormes chars à deux roues, servant à transporter les plus lourds fardeaux.

Qu’est-ce que le Coréen ? — D’après ce qui précède on pourrait conclure que c’est un homme rude et grossier, puisqu’il vit sans contact avec les peuples civilisés. Eh bien, non. Le Coréen en général est docile et obéissant devant l’autorité ; il est hospitalier et a l’esprit droit : ce qui l’amène facilement à comprendre et à reconnaître la vérité de la religion chrétienne. Lorsqu’il l’a embrassée, il aspire à la propager ; il a un cœur qui sait aimer, et il s’attache aux missionnaires, qu’il regarde comme les vrais pères de son âme.

D’un autre côté, il est prodigue ; quand il possède quelque chose, il donne sans mesure, au hasard de s’appauvrir. Quand il a reçu une offense il pardonne difficilement. Il est très avide de dignités.

Sa religion se résume presque tout entière dans le culte des ancêtres et dans le bouddhisme. Cependant il est loin d’être aussi superstitieux que le Chinois ; en général il ajoute peu de foi à ces offrandes de riz et de vin sur le tombeau des ancêtres ; mais c’est la religion du roi et des grands, on doit se conformer à ses prescriptions il faut donc faire des sacrifices.

Les obstacles à la propagation de l’Évangile sont d’abord la prohibition légale : la loi punit de mort ceux qui suivent la religion chrétienne ; en second lieu, le culte des ancêtres. Les chrétiens coréens n’ont pas pu jusqu’ici rendre à leurs proches les derniers devoirs d’une façon publique et solennelle, et les païens en ont conclu qu’ils n’honoraient point leurs parents après leur mort et les oubliaient aussitôt ; ils les traitent donc d’ingrats et d’hommes à qui le sentiment