étaient baptisés commençaient à instruire les plus jeunes et les plus nouveaux.
Pendant ce temps d’autres Japonais vieux et jeunes demandaient à apprendre la religion ; plusieurs anciens élèves venaient au moins une fois par semaine ; on voyait des vieillards à cheveux blancs n’ayant rien compris aux bibles protestantes qui s’adressaient à la mission catholique pour avoir une solution claire et définitive de leurs difficultés. Les jeunes gens, eux, étaient obligés d’apprendre la lettre du catéchisme intégralement, sans quoi les idées païennes eussent pu quelquefois déteindre sur la doctrine, — la noble doctrine, comme on dit là-bas : On ochiyé, — et une fois lancé dans l’à peu près où irait-on ?
Il faudrait voir au Japon les catéchumènes de dix-huit à vingt-deux ans, à genoux sur les nattes blanches, en demi-cercle et se faisant le mon-do (demandes et réponses) ! Ce qu’il y a de plus frappant dans le style religieux, c’est l’emploi surabondant des termes honorifiques, quand on parle de Dieu et des choses saintes, et le langage si plein d’humilité dans les rapports de l’homme avec la religion.
En parlant de l’institution de la sainte Eucharistie, par exemple, on dirait en français :
« Quand Jésus-Christ institua-t-il ce sacrement ? »
Le catéchisme japonais demande :
« Quand notre noble Seigneur, Son Excellence Jésus-Christ, daigna-t-il donner à ses inférieurs, en l’établissant, la sainte Eucharistie ? »
Et l’on répond :
« La veille du jour où il daigna accomplir le go-chi-kyo (son noble trépas). »
Ce mot de noble trépas ne s’emploie qu’en parlant du mikado ou de l’empereur.
Il y a de même une foule de termes honorables et réservés qui donnent au langage un cachet spécial et incisif, à côté duquel les langues européennes sont d’un sans-gêné inouï dont le contraste est saisissant.
Nous avons parlé tout à l’heure des dangers de l’a peu près ; une anecdote assez caractéristique, arrivée à un jeune missionnaire, les montrera mieux encore.