drales, les louanges du Dieu d’amour qui a choisi leur Asie pour y vivre et y mourir en leur apportant le salut.
Mais nous allons conduire le lecteur au milieu du Céleste-Empire ; il verra et jugera par lui-même.
IV
COMMENT ON A L’IDÉE D’ALLER EN CHINE
Il y avait une fois au Tonkin un missionnaire qui devint plus tard évêque, — je parle d’une époque qui remonte bien à cinquante ans ; — ses collaborateurs avaient presque tous été saisis et traînés en prison par l’ordre du roi de ce pays, qui était un véritable tyran ; plusieurs étaient enfermés dans des cages de fer, comme des animaux féroces, et ils attendaient le dernier supplice. Notre missionnaire, lui, traqué par les satellites et les soldats, s’était réfugié dans la montagne au fond d’une obscure caverne, et là, pour charmer ses loisirs, il avait composé un chant de mort et il répétait tout bas :
Quand combattrai-je dans l’arène
Contre la fureur du tyran ?
Quand verrai-je à mes pieds la chaîne,
Autour de mon cou le carcan ?
Mes amis sont couverts de gloire,
Et moi je ne puis que gémir ;
Il faut, pour gagner la victoire,
Mourir ! mourir ! mourir !
Je veux rendre ce sol fertile,
Arracher ses épais buissons ;
Je veux que le terrain d’argile
Se couvre de hautes moissons ;
Mais, pour féconder la nature,
Le travail n’est pas suffisant ;
Il faut, pour l’orner de verdure,
Du sang ! du sang ! du sang !