» Loin de ce que j’étais, quoi ! j’ai fait tant de pas !
» Et de moi-même à moi si grande est la distance,
» Que je ne comprends plus ce que dit l’innocence ;
» Je souffre, et mon esprit, par le mal abattu,
» Ne peut plus remonter jusqu’à tant de vertu[1].
» Qu’êtes-vous devenus, jours de paix, jours célestes ?
» Quand j’allais, le premier de ces Anges modestes,
» Prier à deux genoux devant l’antique loi[2],
» Et ne pensais jamais au delà de la foi[3] ?
» L’éternité pour moi s’ouvrait comme une tête[4] ;
» Et, des fleurs dans mes mains, des rayons sur ma tête[5],
Le Tentateur lui-même était presque charmé,
Il avait oublié son art et sa victime.
Et son cœur un moment se reposa du crime[6].
Il répétait tout bas, et le front dans ses mains :
« Si je vous connaissais, ô larmes des humains ! »
- ↑ Entre 168 et 169 : M1, pas d’intervalle.
- ↑ Var : M1, Loi,
- ↑ Milton, P. P., IV, 58 : Oh ! que son puissant destin ne fit-il de moi quelque ange inférieur ! je serais demeuré heureux ; un espoir sans bornes n’eût pas exalté mon ambition.
- ↑ Var : M1, L’Éternité
- ↑ A. Chénier, Hylas : Et des fleurs sur son sein, et des fleurs sur sa tête…
- ↑ Var : M1, 1er main, Et la mélancolie avait banni le crime. 2e main, Le remords (corr. : Et son cœur) un moment se reposa du crime.