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Viendront humilier ta race dégradée[1]. »
Il disait, s’essayant par le geste et la voix
À l’air impérieux des hommes qui sont rois,
Quand, roulé sur la pierre et touché par la foudre,
Sur sa tombe immobile, il fut réduit en poudre[2].



Mais sur le mont Arar l’Ange ne venait pas ;
L’eau faisait sur les rocs de gigantesques pas.
Et ses flots rugissants vers le mont solitaire[3]
Apportaient avec eux tous les bruits du tonnerre.



Enfin le fléau lent qui frappait les humains
Couvrit le dernier point des œuvres de leurs mains[4] ;
Les montagnes, bientôt par l’onde escaladées.
Cachèrent dans son sein leurs têtes inondées.
Le volcan s’éteignit, et le feu périssant
Voulut en vain y rendre un combat impuissant ;
À l’élément vainqueur il céda le cratère,
Et sortit en fumant des veines de la Terre[5].

  1. Byron, C. et T., sc, 3 : Ton nouveau monde et sa nouvelle race seront voués au malheur. Les hommes seront moins beaux à voir et moins riches en années que les glorieux géants qui aujourd’hui parcourent orgueilleusement le monde, fils du Ciel par maintes unions terrestres.
  2. Var : P2, A, Sur sa tombe immobile il fut réduit en poudre
  3. Var : P2, A, rugissant
  4. Chateaubriand, Du Déluge : Le reste des êtres vivants… gagnèrent tous ensemble la roche la plus escarpée du globe : l’Océan les y suivit, et, soulevant autour d’eux sa menaçante immensité, fit disparaître sous ses solitudes orageuses le dernier point de la terre.
  5. Chateaubriand, Du Déluge : Les volcans s’éteignirent en vomissant de tumultueuse fumées, et l’un des quatre éléments, le feu, périt avec la lumière.