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poèmes antiques et modernes

» J’ai crié vers le Ciel du plus profond abîme[1][2]
» Ô mon Dieu ! tirez-moi du milieu des méchants[3] ! »
Lorsqu’un rayon du jour eut mis fin à ses chants,
Il entendit monter vers les noires retraites,
Et des voix résonner sous les voûtes secrètes[4].
Un moment lui restait, il eût voulu du moins
Voir le mort qu’il pleurait sans ces cruels témoins ;
Il s’approche, en tremblant, de ce fils du mystère
Qui vivait et mourait étranger à la terre ;
Mais le Masque de Fer soulevait le linceul[5],
Et la captivité le suivit au cercueil.


Écrit en 1821, à Vincennes[6].
  1. Psaumes, CXXIX, 1 : Seigneur du profond abîme où je suis, je m’écrie vers vous.
  2. Var : P1, A, en note : De Profundis.
  3. Psaumes, LVIII, 3 : Arrachez-moi du milieu de ces ouvriers d’iniquité… — CXXXIX. 1 : Délivrez-moi, Seigneur, de l’homme méchant.
  4. Var : M, P1, A, dans ces voûtes
  5. Var : P1, le linceuil (Le texte des Tablettes Romantiques donne : linceul).
  6. La date manque dans P1, — M, Du 1er  au 8 avril 1821.