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la frégate la sérieuse


Portait deux bandes d’écarlate
Sur vingt-quatre canons cachés ;
Ses mâts, en arrière penchés,
Paraissaient à demi couches.
Dix fois plus vive qu’un pirate,
En cent jours du Havre à Surate
Elle nous emporta souvent.
— Quelle était belle, ma Frégate,
Lorsqu’elle voguait dans le vent[1] !

II

Brest vante son beau port et cette rade insigne
Où peuvent manœuvrer trois cents vaisseaux de ligne[2] ;
Boulogne, sa cité haute et double, et Calais,
Sa citadelle assise en mer comme un palais ;
Dieppe a son vieux château soutenu par la dune[3],
Ses baigneuses cherchant la vague au clair de lune,
Et ses deux monts en vain par la mer insultés[4] ;
Cherbourg a ses fanaux de bien loin consultés,
Et gronde en menaçant Guernsey la sentinelle[5]
Debout près de Jersey, presque en France ainsi qu’elle.
Lorient, dans sa rade au mouillage inégal,
Reçoit la poudre d’or des noirs du Sénégal ;
Saint-Malo dans son port tranquillement regarde
Mille rochers debout qui lui servent de garde ;

  1. Var : A, sous le vent !
  2. Var : A, cinq cents
  3. Var : A, Dune,
  4. Var : A, Et ses vaisseaux d’ivoire habilement sculptés ;
  5. Var v. 25-32 : A, les vers 25 et 26 manquent ; les vers 31 et 32 manquent également ; les vers 27 et 28 occupent la place des vers 31 et 32 ; B-C2, les vers 25 à 28 manquent ; les vers 31 et 32 existent comme dans le texte actuel.