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— Moi.

— Quand vous mettrez-vous en route ?

— De suite.

Et le chef se leva.

— Peut-être feriez-vous bien de prendre en peu de repos, dit Sans-Peur.

— Un chef n’est jamais fatigué.

— Je sais que vous êtes de fer, mais les forces humaines ont des bornes.

Taréas sourit en homme qui ne veut même pas discuter.

Le chasseur n’insista pas.

— Que dirai-je au guerrier blanc ? demanda Taréas.

— Vous lui direz de se mettre en route avec vous et une trentaine de chasseurs.

— Bien. Maintenant, où retrouverai-je mon frère ?

— Au bord de la rivière, devant l’île des Serpents. Je m’y rendrai tous les soirs, lorsque l’époque de votre retour approchera.

Les deux hommes se serrèrent la main, puis Taréas disparut à travers les buissons.

Resté seul, Sans-Peur réfléchit sur ce qu’il ferait pendant l’absence du chef, qui devait durer plusieurs jours.

Ses réflexions ne furent pas longues, car il releva bientôt la tête en homme qui a pris son parti.

Le soleil était couché depuis quelques instants.

Le chasseur tira des provisions de son bissac et se mit à manger avec le robuste appétit que nous lui connaissons.

Son repas terminé, il s’étendit sur le sol et ferma les yeux.

Cinq minutes plus tard, il dormait à poings fermés.

Aux premières lueurs du jour, il s’éveilla et se dressa d’un bond en se secouant pour rétablir la circulation du sang, arrêtée par la fraîcheur de la nuit, et quand il se sentit complétement remis, il jeta son fusil sur son épaule et quitta la