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& les extrémités où il l’avoir pouſſée, ont ſervi à juſtifier ce domeſtique dans ſon eſprit : il l’a excuſé d’avoir eu les mêmes yeux & le même cœur.

La démarche qu’il avoit faite pour s’oppoſer à l’enlèvement de Flore, en la regardant ſans prévention, & après être revenu de la paſſion qui l’aveugloit, etoit l’action d’un ſerviteur fidèle & zélé, plutôt que celle d’un traître.

Il en fut quitte pour quelques reproches badins de la part de ce jeune époux ; mais il jura que, puiſque Flore n’étoit pas d’une condition où il pût prétendre, de ne ſe marier jamais, bornant ſes occupations au ſervice de ſon cher maître & d’une maîtreſſe dont la vertu avoit paru dans tous les états où elle s’étoit trouvée. Mademoiſelle de la Mothe eut auſſi ſujet de ſe louer de leur généroſité, & devint chère à la jeune marquiſe, de même qu’elle l’étoit à ſa belle-mere.

Il n’y eut de peu ſatisfaite parmi tous les acteurs de cette pièce, que la femme de charge, qui au commencement ne s’étoit mêlée de cette intrigue que par complaiſance pour Dupuy, à qui elle avoit deſſein de plaire, eſpérant de l’épouſer ; mais comme il s’en falloit bien qu’il eût pour elle toute l’eſtime qu’il avoit eue pour madame Maronville & pour ſa fille, il lui déclara tout net, qu’il ne ſongeoit point à elle ; & elle eût vu tout le monde heureux ſans participer à leur joie, ſi, malgré le courroux de madame d’Aſtrel contre elle, qui l’obligea à ſortir de ſa maiſon, le marquis ne l’eût miſe en état, par ſes libéralités, de réparer cet accident & de trouver un mari moins délicat que Dupuy.


Fin de la quatrième & dernière Partie.