Page:Villetard - Histoire de l’Internationale.djvu/340

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de Trochu fut publié dans la suite par M. Corbon, un des maires présents en cette occasion.

Ainsi, au soir même de la proclamation de la République, Trochu fit savoir à ses collègues que son plan était la capitulation de Paris. Si la défense nationale avait été autre chose qu'un prétexte pour le gouvernement personnel de Thiers, Favre et Cie, les parvenus du 4 septembre auraient abdiqué le 5 ; ils auraient fait connaître le plan de Trochu au peuple de Paris, en l'invitant à se rendre sur-le-champ ou à se charger lui-même de ses propres destinées. Au lieu d'agir ainsi, ces infâmes imposteurs résolurent de guérir la folie héroïque de Paris par un régime de famine et de têtes cassées, et de le tromper en même temps par des manifestes extravagants où ils déclaraient que Trochu, « le gouverneur de Paris, ne capitulerait pas, » et que Jules Favre, ministre des affaires étrangères, « ne céderait ni un pouce de notre territoire ni une pierre de nos forteresses. » Dans une lettre adressée à Gambetta, ce même Jules Favre avoue qu’ils se défendaient « non pas contre les soldats prussiens, mais contre les ouvriers de Paris. » Pendant toute la durée du siège, les assassins bonapartistes, à qui Trochu avait sagement confié le commandement de l’armée de Paris, échangeaient, dans leur correspondance intime, des plaisanteries cyniques sur la prétendue défense. (Voyez par exemple, la correspondance d’Alphonse Simon Guiod, commandant en chef de l’artillerie de l’armée de défense de Paris, et grand’croix de la Légion d’honneur, avec Suzanne, général de division d'artillerie ; correspondance qui a été insérée dans le Journal officiel de la Commune.) Le masque fut enfin jeté le 28 janvier 1871. Avec le véritable héroïsme d’une abjection sans bornes, le gouvernement de la défense nationale s’est montré, dans sa capitulation, comme le gouvernement de la France par les prisonniers de Bismark, rôle si vil, que Louis Bonaparte lui-même