Page:Villetard - Histoire de l’Internationale.djvu/344

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quoi ? Parce que cette malheureuse ville demandait ses droits. Eh bien, pour avoir demandé ses droits, elle a subi un bombardement de quarante-huit heures… Permettez moi d’en appeler à l'opinion de l’Europe. C’est rendre service au genre humain que de se lever et de faire retentir, de cette tribune, peut-être la plus grande de l’Europe, quelques paroles d’indignation contre de telles actions… Quand le régent Espartéro, qui avait rendu des services à son pays (ce que n’a jamais fait M. Thiers), se proposait de bombarder Barcelone afin d’y supprimer l’insurrection, il s’éleva de toutes les parties du monde un grand cri d’indignation. »

Dix-huit mois plus tard, M. Thiers était un des plus violents défenseurs du bombardement de Rome par l’armée française. En effet, la faute du roi Bomba semble consister uniquement dans le fait que son bombardement n'a duré que quarante-huit heures.

Quelques jours avant la révolution de Février, las de se voir depuis longtemps exilé par Guizot du pouvoir et de ses profits matériels, et ayant le pressentiment de l’approche d’une commotion populaire, Thiers fit à la Chambre des députés dans le style pseudo-héroïque qui lui a valu le sobriquet de Mirabeau-mouche, la déclaration suivante : « Je suis du parti de la révolution, non-seulement en France, mais en Europe. Je veux que le gouvernement de la révolution reste entre les mains des hommes modérés… mais si ce gouvernement de la révolution tombe entre les mains des exaltés, même de ceux que j’appelle radicaux, je n’abandonnerai pas ma cause pour cette raison. Je serai toujours du parti de la révolution. » La révolution de Février se fit. Au lieu de remplacer le cabinet Guizot par un cabinet Thiers, comme le petit homme l’avait espéré, elle chassa Louis-Philippe et déclara la République. Pendant les premiers jours après la victoire du peuple il se tint bien coi, oubliant que le mépris des ouvriers l’abritait contre leur haine.