Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/150

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augmente. Tous ces gens qui marchent lentement, lourdement, balancés comme une hourque hollandaise par le roulis, sont habillés d’étoffes blanches, luisantes comme si elles avaient été repassées au borax… Les deux sexes portent un ample pantalon serré aux chevilles et montant jusque sous les aisselles ; par-dessus, un gilet court comme une brassière d’enfant. Les femmes y ajoutent une ou plusieurs jupes rondes, sans volants ni plis, qui descendent entre le genou et la cheville. Autrefois, elles ne sortaient que la nuit. Mais depuis l’invasion japonaise, dans les classes inférieures et moyennes, elles ont commencé à circuler pendant la journée. Elles s’enveloppent alors d’une mante verte, jetée sur leur tête, dont les deux manches pendent devant elles. L’homme blanc leur fait peur, et il faut voir avec quelle hâte craintive, celles qu’on devine jeunes et sveltes sous les sacs qui les empaquètent, se glissent le long des maisons en serrant sur leur figure ce voile bizarre, dont la fente ne laisse voir alors qu’un œil noir, grand, doux, sous un sourcil noir, une paupière blanche,… qui donne envie de s’assurer si les deux yeux sont pareils. — Les vieilles ont peur aussi ; mais elles s’enfuient en regardant, et c’est dommage. On comprend alors la croyance au mauvais œil.

Les hommes portent deux surtouts blancs superposés, tout à fait semblables aux « douillettes » de nos prêtres. Seulement, les « Yang-ban » recouvrent le blanc d’un noir ; et certains fonctionnaires du Palais