Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/243

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sité de cette nouvelle réforme, et par un décret de la fin de décembre dernier, a ordonné la levée d’un corps de 1 000 hommes, les Kounrentaï.

« Mais, ajouta-t-il, en grinçant le plus charmant sourire, il a attendu la prise de Weï-haï-weï et de Niouchouang pour y procéder.

« Il y a huit Jours à peine que ce corps existe réellement. Et tenez, si vous voulez le voir ? Justement il fait l’exercice sur l’esplanade devant le Consulat. Naturellement ce sont des Japonais qui les instruisent. »


En effet, recrues coréennes et instructeurs japonais, « pivotaient » de leur mieux devant nous.

Les Japonais qui n’ont, pas plus que les nègres, le sentiment du ridicule, portaient, avec un sérieux impayable, les reliques de de Moltke dressant les Turcs. Leurs gros corps aux jambes massives, qui regrettaient l’ampleur du kimono national, l’absence du pantalon et la liberté du pied nu sur le souple ouaradji (sandale de paille), se carraient gauchement dans des tuniques serrées, des pantalons collants et des bottes qui rendaient leur allure singulièrement lourde et cahotante.

Fièrement pavoisés de ce harnais de la victoire, ils enseignaient aux Kounrentaï à devenir des guerriers illustres à leur tour. Commandements brefs, détachés sèchement, coups de sifflet diversement modulés auraient donné l’illusion d’un « exercier-platz » allemand… à un témoin seulement auriculaire.