Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/246

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petit-fils du vieux Régent, dont elle craint l’ambition pour l’avenir de son fils. J’ai démontré clairement au Roi quel avait été l’artisan du complot qui faillit lui coûter la vie en février 1894. Les preuves, jusque-là impénétrablement cachées aux plus sagaces limiers de la Reine, sont sorties de terre ; les muets sont devenus bavards et toutes leurs confessions tardives ont crépité comme un feu de salve sur le Taï-ouen-koun et Li-Shoun-yoo dont j’ai montré des lettres écrites aux chefs des Tong-haks. Sur mon conseil, le Roi fit comparaître devant nous les deux princes, et leur interrogatoire le convainquit.

« Je demandai alors au vieux Régent quelle peine il aurait prononcée lui-même en pareil cas. Il répondit comme je l’attendais d’un homme de sa naissance et de son caractère : « la mort ! » Mais je calmai la colère du roi et j’obtins que le Taï-ouen-koun vivrait désormais dans une retraite absolue, pour expier, et me déléguerait son autorité grand-paternelle sur Li-Shoun-yoo, que j’élèverai avec affection, clairvoyance et sévérité, au Japon, où il va aller, pourvu d’une charge honorifique, achever son éducation loin des factions effrénées et de coteries corrompues.

« J’ai donc tout lieu de croire que tous les grains de sable, gros et menus, ont été retirés de la mécanique coréenne. Désormais, dit-il, en se levant et en terminant ma longue audience, nous pourrons procéder plus tranquillement à l’accomplissement de la mission civilisatrice du Japon dans ce pays. »