Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/249

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filets tendus avec soin sur toutes les ouvertures, de « bill d’attainder », de « loi de prairial » ou de on me l’a dit, il faut que je me venge. L’affection grand-paternelle de celui qui avait demandé au Taï-ouen-koun, Li-Shoun-yoo, en promettant de le traiter comme son propre petit-fils, a dû subir une cruelle épreuve. Mais qui aime bien, châtie bien.

Li fut soumis à huit interrogatoires. Il nia l’authenticité de lettres produites pour le confondre, écrites par lui à ses complices ; 11 nia encore les charges dont ceux-ci l’accablèrent pendant les confrontations. Il est vrai que dans leur dernier interrogatoire (je traduis ici le Japan Daily Mail, officieux, du 21 mai 1895), « ils déclarèrent que tout ce qu’ils avaient dit précédemment était entièrement faux ; qu’ils avaient été amenés à proférer de pareils mensonges pour échapper à la rigueur de l’interrogatoire sous la torture. Ils avouèrent en outre qu’ils ne savaient rien de la soi-disant trahison et nièrent toujours avoir jamais été consultés par Li sur semblable sujet. Les juges furent plus habiles qu’eux en les soumettant une fois de plus à un rigoureux interrogatoire (lisez : torture), et réussirent à leur faire avouer leur crime. »

Après quoi la Cour Spéciale, dont plusieurs juges, entre autres le Ministre de la Justice, avaient été autrefois les complices de Kim-ok-Kioum, s’étaient rendus coupables du crime qu’ils allaient avoir à punir, n’avaient échappé au châtiment que par la fuite, et ne siégeaient que par la permission des Japonais, prononça sa sentence (13 mai).