Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/302

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Chine, sur les bases ultra-avantageuses stipulées à Chimonoseki. Mais le chauvinisme intransigeant frénétiquement exalté, un des traits dominants et caractéristiques de ce peuple, ne l’est pas.

Un habitant de Kyoto me disait, il y a quelques mois, que tous ses compatriotes sont prêts à mourir plutôt que de consentir à l’abandon de la Corée conquise par le sang et les victoires de leurs soldats. Tous, c’est peut-être beaucoup dire. Mais ce propos suggère cette conclusion, justifiée par les développements précédents, que plus les Japonais se cramponnent à la Corée, plus la prudence nous fait une loi, à nous tous blancs, de tenir la main à ce qu’ils l’évacuent et la laissent à elle-même.



Ce malheureux État, dont le nom rituel, Pays du Matin Calme, sonne comme une ironie macabre, reste donc, en Extrême-Orient, la pomme de discorde dont la dispute menacera de rallumer la guerre, tant qu’un règlement international de son sort ne sera pas intervenu.

L’effondrement militaire et naval de la Chine, l’abandon de ses droits sur le royaume péninsulaire, créent dans cette région du Pacifique des devoirs nouveaux aux Puissances. Elles ne peuvent plus y maintenir l’équilibre en opposant l’un à l’autre les deux Empires jaunes. Et il n’y a pas lieu d’espérer qu’elles le puissent de longtemps.