Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/310

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libres espaces de l’Océan les mers qui baignent l’Asie orientale et peut en faire autant de mers intérieures, de bassins aussi fermés que la mer Caspienne ou la mer d’Aral. S’il possédait encore la Corée, son rêve, l’Asie aux Asiatiques, c’est-à-dire l’unification des jaunes sous son hégémonie, serait virtuellement accompli et il n’aurait plus qu’à attendre ou à favoriser des complications de l’autre côté de la terre pour transformer ce rêve en une désastreuse réalité.

Le soulèvement des Philippines a coïncidé singulièrement avec la révolte de Cuba ; et ces deux splendides domaines sont placés beaucoup trop à portée de deux compères, le Japon et les Élats-Unis, dont les relations étroites n’ont pas été une des moins curieuses circonstances de la guerre contre la Chine.

L’Angleterre qui, en 1883, ne supportait pas la pensée que la Chine perdît à notre profit Formose et les Pescadores, ne les a peut-être laissé prendre aux Japonais qu’avec l’arrière-pensée de s’assurer ainsi un moyen détourné de les acquérir un jour.

D’autre part, les Japonais réalisent les espérances énoncées par le Times en septembre 1894. Ils empêchent les Russes d’implanter leur domination en Corée et d’ouvrir au large leur fenêtre sur le Pacifique. C’est un grand service qu’ils rendent à la politique traditionnelle de l’Angleterre ; mais, en même temps, ils en recueillent de grands avantages présents, sans parler de l’avenir qu’ils préparent. Ceci pourrait bien porter ombrage à nos voisins, qui n’aiment pas voir manger par autrui les marrons qu’ils ont tirés