Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/313

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Habituée à temporiser, persuadée que tout vient à point à qui sait attendre et vouloir, la Russie termine soigneusement les forts qui rendront Vladivostock imprenable ; elle assure ses approvisionnements de charbon en étendant l’exploitation des houillères de Douï, dans l’île Sakkhaline ; elle maintient dans le Pacifique une des plus puissantes escadres européennes qui y naviguent et pousse activement son Transsibérien. Récemment, elle a obtenu que l’armée coréenne fût confiée entièrement à des instructeurs russes et non plus japonais, comme l’avait fait le comte Inouye. Il est impossible de savoir ce que le maréchal Yamagata a rapporté de sa mission à Moscou, au couronnement du tsar Nicolas II (mai 1896). Il est cependant au moins douteux que ce soient des concessions en Corée, car tous les conseillers ou instructeurs japonais, embusqués par le comte Inouye et ses successeurs dans les ministères et administrations, après avoir été remplacés par des Américains et quelques sujets anglais, ont eu, depuis le retour du maréchal Yamagata à Tokyo, des successeurs russes. M. Alexief, un Russe, a été récemment nommé Surintendant des Finances, au lieu et place de M. Mac Leavy Brown, appelé à la Direction des Douanes Coréennes.

La population nippone ressent douloureusement ces « humiliations », et au Parlement plusieurs députés ont questionné l’an dernier le comte Okuma sur l’arrangement de Moscou, sans succès d’ailleurs, à leur profond mécontentement.

La session de la Diète, qui a commencé en décem-