Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/102

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Sur le sable, accoudé à une pierre et, de temps à autre, agité d’un tressaut mortel, l’homme au masque mystérieux était étendu dans son manteau.

— Ô malheureux ! s’écria dans un sanglot et en se cachant la face, la jeune apparition lorsqu’elle arriva, tête nue, à côté de lui.

— Adieu ! adieu ! répondit-il.

On entendait, au loin, des chants et des rires, venus des souterrains de la féodale demeure dont l’illumination ondulait, reflétée, sur les flots.

— Tu es libre !… ajouta-t-il, en laissant retomber sa tête sur la pierre.

— Tu es délivré ! répondit la blanche advenue en élevant une petite croix d’or vers les cieux remplis d’étoiles, devant le regard de celui qui ne parlait plus.

Après un grand silence et, comme elle demeurait ainsi devant lui, les yeux fermés et immobile, en cette attitude :

— Au revoir, Héléna ! murmura celui-ci dans un profond soupir.

Lorsque après une heure d’attente les serviteurs se rapprochèrent, ils aperçurent la jeune fille à genoux sur le sable et priant auprès de leur maître.

— Le duc de Portland est mort, dit-elle.

Et, s’appuyant à l’épaule de l’un de ces vieillards, elle regarda l’embarcation qui l’avait amenée.

Trois jours après, on pouvait lire cette nouvelle dans le Journal de la Cour :

« — Miss Héléna H***, la fiancée du duc de Port-