Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/134

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Les Eglisottes, était entré pendant nos dernières paroles : il était devant moi, tout sautillant, dans son witchoûra couvert de neige.

— Mon cher docteur, lui dis-je, dans l’instant je suis à vous, mais…

Il me retint :

— Lorsque je vous aurai conté l’histoire de l’homme qui sortait de ce salon quand je suis arrivé, continua-t-il, je parie que vous ne vous soucierez plus de lui demander compte de ses saillies ! — D’ailleurs, il est trop tard : sa voiture l’a emporté loin d’ici déjà.

Il prononça ces mots sur un ton si étrange qu’il m’arrêta définitivement.

— Voyons l’histoire, docteur, dis-je en me rasseyant, après un moment. — Mais, songez-y, Les Eglisottes : vous répondez de mon inaction et la prenez sous votre bonnet.

Le prince de la Science posa dans un coin sa canne à pomme d’or, effleura, galamment, du bout des lèvres, les doigts de nos trois belles interdites, se versa un peu de madère et, au milieu du silence fantastique dû à l’incident — et à son entrée personnelle, — commença en ces termes :

— Je comprends toute l’aventure de ce soir. Je me sens au fait de tout ce qui vient de se passer comme si j’avais été des vôtres !… Ce qui vous est arrivé, sans être précisément alarmant, est, néanmoins, une chose qui aurait pu le devenir.

— Hein ? dit C***.