Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/213

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nouvelle va s’inaugurer, positivement, à cet égard.

Les obsèques se feront sans trouble, et, pour ainsi dire, à la diable.

Notre devise doit être en toute circonstance (ne l’oublions jamais !) celle-ci : — Du calme ! — Du calme. — Du calme.

Ainsi, les intérêts, négligés pendant les premiers jours, l’effarement et le désarroi du moment dont ne profite que la rapacité proverbiale des fossoyeurs — (quels noirs tracassiers !…), — les testaments rédigés à la hâte, et, comme on dit, de bric et de broc, — olographes incompréhensibles sur lesquels s’abat la volée de corbeaux des hommes de loi au grand préjudice des collatéraux, devenus inconsolables, — les suprêmes instructions dictées à l’étourdie par les moribonds, l’incurie de la maison mortuaire, les dilapidations des serviteurs, — que de détriments peut conjurer l’usage journalier de l’appareil Schneitzoëffer (junior) !

On escoffiera les cadavres le plus vivement possible, — et l’on ne s’apercevra même pas, dans la maison, que vous avez disparu. Tout continuera, sur l’heure même, son train-train raisonnable.

Les arts vont s’en ressentir. Grâce à lui, dans quelque dix ans, le tableau de la Fille du Tintoret ne sera plus remarquable que comme coloration, et les marches funèbres de Beethoven et de Chopin ne se comprendront plus que comme musique de danse.

Oh ! nous n’ignorons pas contre quels préjugés doit lutter Schneitzoëffer !… Mais, sommes-nous, oui