Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/334

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À l’horizon, sur les hauteurs de Millô, tout enveloppé d’une brume lumineuse, un étrange palais superpose ses jardins suspendus, ses galeries, ses chambres sacerdotales aux solivages de bois précieux, ses pavillons entourés d’oliviers, ses haras de basalte aux terrains sillonneux pour l’élève des étalons de guerre, ses tours aux coupoles de cuivre. Il se dresse confusément au-dessus des vallons de Bethsaïde, sous le silence étoilé.

Là, c’est un soir de fête ! Les esclaves d’Éthiopie, sveltes dans leurs tuniques d’argent, balancent des encensoirs sur les marches de marbre qui conduisent des jardins d’Etham au sommet de l’enceinte : les eunuques portent des amphores et des roses ; les muets, à travers les arbres, avivent des charbons enflammés pour les autels de parfums.

Contre les cintres des vestibules, des nains safranés, les gamaddim, flottant dans leurs robes jaunes, soulèvent, par instants, les tentures antiques.

Alors les trois cents boucliers d’or, cloués aux cèdres entre les haches madianites, réfléchissent les feux brusques des lampes apparues, les merveilles, les clartés !

Sur les esplanades, aux abords des portiques, des cavaliers aux lances de feu, guerriers nomades des plages de la mer Morte, contiennent leurs lourds cour-