Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/346

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Helcias a recouvré l’intrépidité de son âme. Avec un frémissement de joie auguste, il a constaté le salëm de Dieu, le signe d’Élohim, le pantacle de la Mort. — Celui qui vient, c’est Azraël.

Et la multitude livide s’écrie, dans la Salle :

— Un éclair !

— La foudre vient de tomber sur la vallée !…

— C’est un orage qui passe.



Les voix se sont tues sur le mont des Offenses ; c’est la douzième heure de la nuit : un souffle très froid parcourt, de toutes parts, l’embrasement de la joie pascale.

La foule veut se rapprocher des terrasses : le malaise devient supplice.

L’aspect de la Salle change avec la soudaineté des visions : des flots vivants refluent vers le Trône et des clameurs, sans nombre, en désordre :

— Éveille-toi, Fort d’Israël !

— Pomme d’or !

— Très élevé !

Et les épouses de la tribu de Ruben, les compagnes de Bath-Scheba, la royale mère, saisies de frayeur :

— Roi, voici la lèpre qui vient du désert !

Et les femmes de la reine Naëma, les radieuses Ammonites, ajoutent, en dialecte jébuséen :

— Fils de l’amour ! Un signe de ta droite puissante vers la contrée du fléau !