Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/358

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actuel annonce qu’il est né en des âges plus anciens que l’heure de sa naissance terrestre. Il ramène sur son front un pan du manteau du Roi d’Israël et, abandonnant sa volonté au sombre Destin :

— Ellël ! invoque-t-il, — si la foudre, en frappant tes yeux, n’y devient qu’une lueur de plus, soulève, de tes doigts impérissables, les paupières du Roi !…

Tel, autrefois, sous les voûtes d’Endor, sa mère Holda, sur le trépied des évocations, aboya des formules qui firent surgir, devant la muraille, l’ombre de Schemouël.



Cependant Salomon, ayant enfin relevé ses longues paupières, considérait en silence le Génie des Vallées-futures.

Mais ce n’était pas sur le visage du Roi que les yeux fixes de l’Ange se tendaient, éblouissants comme les flèches qui volent dans le soleil.

L’Envoyé regardait Helcias avec l’anxieux frémissement d’une surprise mystérieuse : il semblait que le Misaël, hésitant à se rapprocher du vieillard, méditât, pour la première fois, depuis les temps, sur l’ordre qu’on lui avait donné.

C’est pourquoi le front du Roi-divin se couvrit de nuages au-dessus du vieil Initié, ainsi que, mille années plus tard et à cette heure même, l’étoile