Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/161

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levant aussi et en imitant le jeune Anglais ; car voici une demi-heure d’envolée. Le train de New York pour Menlo Park chauffera dans cent cinquante-six minutes, soit un peu plus de deux heures et demie ― et il lui faut à peine une heure trois quarts pour nous amener l’objet de l’expérience.

La salle habitée par Hadaly est située sous terre, assez loin même. Vous comprenez, je ne pouvais pas laisser l’Idéal à la portée de tout le monde. ― Malgré les longues nuits et les années de travaux que cette andréïde m’a coûtée entre mes autres labeurs, elle est demeurée mon secret.

Voici. J’ai découvert, sous cette habitation, à quelques centaines de pieds, deux souterrains très vastes, antiques obituaires des immémoriales tribus algonquines qui peuplèrent, pendant de vieux siècles, ce district. ― Ces tumuli ne sont point rares dans les États, notamment dans le New Jersey. J’ai fait enduire d’une forte couche de basalte, provenue des volcans des Andes, les murailles de terre du souterrain principal. J’ai relégué pieusement dans le second les momies et les os poudreux de nos sachems : ce dernier, j’en ai fait boucher, ― sans doute pour jamais, ― l’ouverture funéraire.

La première salle est donc la chambre de Hadaly et de ses oiseaux, ― (car je n’ai pas voulu laisser toute seule, par une dernière superstition, cette fille intellectuelle). ― Là, c’est un peu le royaume de la féerie. Tout s’y passe à l’Électricité. On y est, dis-je, comme au pays des éclairs, environné de courants animés chacun par mes plus puissants