Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/166

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Edison et lord Ewald descendirent ainsi durant quelques moments ; la lueur d’en haut se rétrécissait. L’excavation était, en effet, profonde.

― Surprenante façon d’aller chercher l’Idéal ! pensait lord Ewald, debout auprès de son taciturne compagnon.

Leur socle continuait à s’enfoncer sous la terre.

Tous deux se trouvèrent bientôt dans la plus noire obscurité, en d’opaques et humides ténèbres, aux exhalaisons terreuses, où l’haleine se glaçait.

Le marbre mobile ne s’arrêtait pas. Et la lumière d’en haut n’était plus qu’une étoile ; ils devaient être assez loin, déjà, de ce dernier feu de l’Humanité.

L’étoile disparut : lord Ewald se sentit dans un abîme.

Il s’abstint, cependant, de rompre le silence que gardait, à son côté, l’électricien.

À présent, la rapidité de la descente s’accélérait à ce point que leur support semblait se dérober sous eux, traversant l’ombre avec un bruit monotone.

Lord Ewald, tout à coup, devint attentif ; il croyait entendre, autour de lui, une voix mélodieuse mêlée à des rires et à d’autres voix.

La vitesse diminua, peu à peu, puis un choc léger…

Un porche lumineux tourna, silencieusement, en face des deux voyageurs, comme si quelque « Sésame, ouvre-toi ! » l’eût fait rouler sur des gonds enchantés. Une odeur de roses, de kief et d’ambre flotta dans l’air.

Le jeune homme se trouvait devant un spacieux