Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/253

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voilaient, en réalité, l’analyse du sombre chef-d’œuvre.

Cependant, l’électricien ayant touché un point d’une petite urne transparente, close, pleine d’une eau très pure, située à la hauteur du sternum de l’Andréïde, la forte tablette de charbon qui s’y trouvait incluse et qu’un imperceptible pas de vis avait, jusqu’à ce moment, presque tout à fait soulevée de cette onde, s’y replongea. Le courant se mit à gronder.

L’intérieur de l’armure sembla tout à coup un organisme humain, étincelant et brumeux, tout diapré d’or et d’éclairs.

Edison continua :

― Cette fumée odorante et couleur de perle, qui circule, comme une ouate, sous le voile noir de Hadaly, est simplement la vapeur de l’eau assimilée par la pile et que rejette ainsi, en la brûlant avec ses atomes violacés, la fulguration torride que vous voyez courir comme la Vie en notre amie nouvelle. Cette foudre, qui circule ainsi en elle, est prisonnière ici, et inoffensive. Regardez !

Ce disant, Edison prit, en souriant, la main de l’Andréïde, au plus fort grondement de l’aveuglante étincelle éparse en les milliers de fils nerveux de Hadaly.

― Vous voyez : c’est un ange ! ― ajouta-t-il avec son même ton grave, ― si, comme l’enseigne notre Théologie, les anges ne sont que feu et lumière ! ― N’est-ce pas le baron de Swédenborg qui se permit, même, d’ajouter qu’ils sont « hermaphrodites et stériles » ?

Après un silence :

― Passons, maintenant, à la question de l’Équili-