Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/266

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la membrane diaphane de l’Épiderme, qui lui est adhérente, obéit merveilleusement. De graduées et très impressives mobilités du courant émeuvent ces parcelles de fer ; cette chair les traduit alors, nécessairement, par des rétractilités insensibles, selon telles micrométriques incrustations du Cylindre : il y en a même d’ajoutées les unes sur les autres ; les fondus de leurs successions proviennent de leurs isoloirs mêmes, lesquels pourraient ici ne s’appeler que des retards instantanés. La tranquille continuité du courant neutralisant toute possibilité de saccades, l’on arrive, grâce à eux, à des nuances de sourires, au rire des joues de la Joconde, à des embellies d’expression, à des identités vraiment… effrayantes.

Cette chair, qui se prête à la pénétration du tiède calorique engendré par mes éléments, donne au toucher l’impression prestigieuse, le bondissement, l’onctueuse élasticité de la Vie, le sentiment indéfinissable de l’affinité humaine.

Comme elle doit transparaître, adoucie d’éclat par l’Épiderme, sa nuance est celle d’une neige teintée d’une fumée d’ambre et de roses pâles, et d’un brillant vague, que le mica d’une faible dose d’amiante pulvérisée sait lui donner. L’action photochromique la sature du ton définitif. De là, l’Illusion.

J’ai donc répondu de persuader, ce soir, miss Alicia Clary d’accéder à notre expérience ― et sans la connaître ― avec toute la complaisance imaginable ; et je vous atteste qu’étant donnée la vanité féminine, cela me sera d’une facilité que vous apprécierez vous-même.