Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je rêve ! Je ne puis m’empêcher, ― et, cependant, je n’ai pas envie ― de rire.

― Ah ! je comprends et je partage votre impression ! répondit mélancoliquement Edison ; mais songez au prix de quels riens, ajoutés les uns aux autres, se produit, parfois, un ensemble irrésistible ! Songez à quels riens tient l’amour même !

La nature change, mais non l’Andréïde. Nous autres, nous vivons, nous mourrons, ― que sais-je ! L’Andréïde ne connaît ni la vie, ni la maladie, ni la mort. Elle est au-dessus de toutes les imperfections et de toutes les servitudes ! Elle garde la beauté du rêve. C’est une inspiratrice. Elle parle et chante comme un génie, ― mieux même, car elle résume, en sa magique parole, les pensées de plusieurs génies. ― Jamais son cœur ne change : elle n’en a pas. Votre devoir, donc, sera de la détruire à l’heure de votre mort. Une cartouche de nitro-glycérine, un peu forte, ou de panclastite, suffira pour la réduire en poussière et rejeter sa forme à tous les vents du vieil espace.


XI

Uranie


« Cette étoile qui brille comme une larme. »
george sand.


Hadaly apparut au fond du souterrain : elle passait entre les arbustes aux floraisons sans hivers.

Enveloppée en d’amples et longs plis de satin