Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ter d’épais et hermétiques vêtements de cristal, la tentative amènerait fort probablement des résultats amers, ― bref, serait couronnée d’un succès pour le moins négatif.

Les milliers de conversations continuaient : «  ― Qu’est-ce qu’il fait ? Mais qu’est-ce qu’il combine ? ― Interroger mistress Edison ?… L’on eût été bien reçu ! ― D’ailleurs, comment ? ― Savait-elle seulement quelque chose ? ― Les enfants ?… Accoutumés, de bonne heure, à simuler une surdi-mutité incurable lorsqu’on les questionnait, c’eût été peine perdue. Allons, le mot était donné. Il fallait attendre. »

Tout à coup, vers cette époque, Sitting-Bull, le sachem des derniers Peaux-Rouges du Nord, ayant remporté un inattendu et sanglant avantage sur les troupes américaines envoyées contre lui, ― ayant décimé et scalpé, comme on le sait, l’élite des jeunes gens des villes du nord-est de l’Union, ― l’attention, stupéfaite de cette nouvelle ― qui eut un retentissement dans l’univers, ― se porta sur les Indiens menaçants et quitta de vue Edison pour quelques jours.

L’ingénieur en avait profité pour envoyer secrètement l’un de ses mécaniciens à Washington, chez le premier artiste en cheveux de la capitale, le perruquier du Luxe et de la Gentry. L’intelligent émissaire avait remis à cet homme, de la part d’Edison, le spécimen d’une grande et ondulée chevelure brune, avec une note indiquant, au milligramme et au millimètre, le poids et la longueur de celle dont il désirait un double aussi parfait que possible ― le tout accompagné de quatre