Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/176

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— Quoi ! s’écria-t-il, — vous n’avez rien deviné, à mon sujet, de plus que les autres — et, ce nonobstant, vous êtes venu ici d’instinct ?… Ma foi, cela mérite une confidence, rien, d’ailleurs, ne pouvant plus me nuire :

Et, me regardant au blanc des yeux, il reprit d’une voix plus basse :

— Ainsi vous, qu’une… fée… a doté de la faculté maîtresse, le flair, vous avez pu supposer qu’un homme aussi pondéré que moi pouvait s’être laissé entraîner à des… absences ?… Ah ! poète ! En quelle année pensez-vous donc vivre ? En 1452 ? En 1865 ?… Mais, nous mangeons un siècle par an, ce jourd’hui, mon cher novateur ! — et vous êtes en retard. — Sachez-le donc bien : de nos jours, ce n’est pas d’être au bagne, même à perpétuité, qui compromet l’avenir ; ce serait bien plutôt d’avoir écrit un livre empreint de votre genre de Beau idéal. Cela, nul ne s’en relève, — le monde pardonnant tout, — excepté l’âme. Poète, je