Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/238

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— Oh ! pardon, ma mère !

Elle frappa de son poing léger la table nue.

— C’est qu’aussi, à la fin, c’est horrible, cela ! toujours des rêves !… des cieux !… des anges, des démons qui ressemblent à des formes de nuages ! Le ton dont ils parlent tout harnachés de leurs grelots de rimes sonores, fait douter de la réalité qu’ils représentent : elle se tait, l’agissante réalité. C’était bien la peine de devenir aveugle, pour voir au fond de l’obscurité éternelle passer tant de creux fantômes. La foi se nie dans une phrase trop bien cadencée, et qui attire l’attention sur elle en détournant l’esprit de ce qu’elle énonce. On dit : « je crois ! » et c’est fini. Peindre le ciel et l’enfer ! Et le Paradis terrestre ! Et l’histoire de l’infortuné couple d’êtres dont nous descendons tous ! Ô tintement insupportable de mots vides ! Creux travail ! Et il faut, nous, ma sœur et moi, s’atteler à la