Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/61

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Une heure après, environ, comme une compagnie de perdrix s’envolait, en face d’eux, avec son bruit spécial, Gabriel épaula, tira : pas un des oiseaux ne perdit une plume.

— Vraiment, voilà qui est insupportable ! gronda-t-il très bas mais d’une voix calme : c’est ma gredine de jument, figurez-vous, qui a fait un écart au moment où je visais.

Ce disant, il prit un pistolet d’arçon dans l’une des fontes, introduisit, froidement, le bout du canon dans l’oreille de la bête et lui fit sauter la cervelle. D’un bond de côté, à terre, il évita, non sans grâce, la chute de l’animal qui, tombé sur le flanc, demeura sans mouvement après une brève agonie.

Pour le coup, Sylvabel ouvrit tout grands ses yeux bleus :

— Mais on n’a pas idée de cela ! c’est de la démence ! — Que vous prend-il, enfin, Gabriel, de tuer une aussi belle bête, — et