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Le Commandeur, à lui-même

Ce vieux homme ! — Hum ! Franchise inattendue, et qui me gêne. — Quel air choisir ? L’indifférence ou l’attention ? — L’indifférence est préférable : il va s’efforcer de me convaincre.

Haut : Parlez. — Mais te voilà grave comme un ambassadeur d’Orient. Tu m’effrayes. — Sera-ce bien long, ton histoire ?

Herr Zacharias

Je crois être en mesure de vous assurer que vous n’aurez point regret si vous l’écoutez jusqu’au bout. — Avant une demi-heure, sans doute, le comte sera de retour : j’ai donc strictement le temps de tout dire, et le silence m’oppresse depuis — oh ! depuis tant d’années !

Le Commandeur se verse à boire, en souriant, les jambes croisées, accoudé à la table et éclairé par les flambeaux. Herr Zacharias est debout devant le feu ; sa main s’appuie au dossier de l’autre siège. —

Baissant un peu la voix :

Monseigneur ne se souvient-il pas d’un événement extraordinaire qui s’est passé en Allemagne — et qui eut son contre-coup dans le monde, — à l’époque de la mort du comte Ghérard d’Auërsperg ?