Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/120

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chaine, garder — fidèlement ! — ce qui serait confié à ses profondes entrailles. Ce fut donc vers ce lieu qu’il se résolut à guider — par des routes à coup sûr isolées de toutes éventualités d’hostiles rencontres — hommes et trésors dont il répondait devant la patrie… Et ceci, monseigneur, — tenez ! jusqu’en cette région perdue, où nous sommes.

Le Commandeur a tressailli et le regarde avec une grande stupeur.

Certes, sous l’interminable Forêt, aux environs de ce burg, sous quelque bloc rocheux recouvert aujourd’hui d’arbres et d’herbées, doit être cachée l’issue de l’un de ces vallonneux souterrains creusés dès avant le moyen âge, — aux secrets connus des seuls aînés de la grande seigneurie militaire dont ils dépendaient, — et qui, jadis, en cas de blocus, servaient au ravitaillement du burg et aux sorties nocturnes… Et, se remémorant, sans efforts, le chemin de cette inoubliable issue — qui, en ces parties montueuses des Grands Bois, doit s’ouvrir, à l’intérieur, sur une pente rapide…

Le Commandeur, l’interrompant

Ici, je ne t’écoute plus. — Si l’on peut, en effet, supposer que le comte d’Auërsperg, en cette