Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/121

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fantastique résolution que tu lui prêtes, ait pensé pouvoir enfouir, en son propre terroir domanial et sans éveiller de soupçons, ces importantes « munitions de guerre », comment croire qu’il eût osé s’en remettre à la discrétion de deux mille hommes qui, demain, certes, reparleraient, d’abord entre eux, de leur singulière besogne de la veille ? En admettant même que telle fut, un instant, sa pensée — troublée par de trop graves alarmes, — comment croire que des officiers-généraux, tels que le prince de Muthwild et le comte de Thungern, ne l’en eussent pas dissuadé, refusant de lui prêter concours ? — Tu rêves, Zacharias.

Herr Zacharias, comme perdu en ses pensées et n’ayant même pas entendu l’interruption

Oui ! ce dut être à travers quelque pluvieux crépuscule encore assombri par les hautes feuillées et par les épaisseurs des halliers qu’il conduisit, à travers les larges sentes de la Forêt, — à quelque cent pas seulement du lieu précis où cet antre, encore invisible, devait, au heurter du maître héréditaire, s’entr’ouvrir — oui, — qu’il conduisit… Relevant la tête et regardant fixement le commandeur : un simple détachement, oh ! de deux cents hommes, peut-être ! — le nécessaire, enfin,