Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/136

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de Lydie qui n’avait qu’à jeter le filet dans son fleuve du Pactole pour le retirer empli d’un fretin d’or massif. — Le beau rêve !

Axël, le regardant fixement, et, après un silence, élevant son gothique verre allemand

À sa réalité !

Le Commandeur, à lui-même, incertain

Hunh !… Haut, et se renversant, en souriant, contre le dossier de son siège : — Axël, je suis en passe de mélancolie, ce soir, — et ce n’est pas seulement de vous quitter. — Certes, la table est radieuse, la nappe et ces vieux cristaux de Bohême sont beaux à voir ! Mais… nous sommes seuls, — et, là-bas, aux soupers de la cour, l’or se mêle si bien, sous les candélabres, au teint blanc des femmes ! Leurs yeux et leurs malicieuses petites dents blanches, leurs sourires, si absurdes et si ensorceleurs, se fondent si bien avec les lumières ! Les fleurs rouges, les roses surtout, vont si noblement aux noires chevelures ! Et, jusqu’à la soie, baignée de leurs parfums, tout, de leur présence, enchante, d’une si invincible magie, le délire d’un beau souper ! — Ah ! mon cher, si tu quittais l’exil et daignais me suivre en ce monde de fêtes, de luxe et d’amours… Baissant un peu la voix et d’un ton de fatuité