Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/160

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quand je te souriais ? Tes inconvenantes et indigentes paroles, je devais les tolérer d’un hôte assis à mon foyer… mais, en moi-même, j’écoutais d’autres voix que la tienne.

Je t’ai entendu, cependant, comme on entend les cris vagues des animaux, au loin, dans les bois. — Oh ! ne tressaille pas : ne tourmente pas cette épée : inutiles simagrées devant nous.

Le Commandeur, faisant siffler la longue lame

Insensé ! je…

Axël, impassible

Tout à l’heure. Par trois fois tu m’as défié de répondre. Ne m’écoute pas, si tu veux : est-ce donc pour toi seul que je parle !.. Pourquoi m’inquiéterais-je de ton inattention, — alors, surtout, que tu ne saurais me comprendre !.. Mais tiens-toi pour prévenu : ton inconsidérée jactance vient de te faire perdre le droit de m’interrompre, et l’usurper, désormais, ne serait que faire preuve, à nouveau, d’un goût téméraire qui pourrait finir, par conséquent, par fatiguer ma générosité. Donc, moins de bruit : — et voyons, un peu, qui nous sommes, puisque tu l’as voulu.

Un silence, que troublent seulement les bruits de l’a-