Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/162

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tômes à travers le verre d’un souper, tu raillais la salubre illusion de ma foi dans le seul amour conjugal, — oui, le seul qui mérite le nom d’amour.

Cependant, qu’exaltais-tu donc, au mépris de ce juvénile, virginal et si légitime rêve, qui s’imposait bien, tout d’abord, sinon à ton « respect », — (tu me sembles peu digne d’en éprouver devant quoi que ce soit au monde) — au moins à ton silence ?

— Ah ! d’écœurantes joies : celles du vil adultère. En sorte que, sous le toit sacré de ma mère, tu me faisais rougir, et qu’à ce moment je me suis senti comme honteux, devant ces chastes fleurs, de la hideuse façon dont tu les as respirées.

Par exemple, tu faisais sonner, sur un mode altier, le titre de gentilhomme ; tu prononçais même ce mot presque à tout propos, comme un bourgeois. — Cependant, par quelle preuve d’origine généreuse ou d’intime seigneurie sanctionnas-tu, sur l’heure, cette infatuation, oiseuse ici ?… Tu t’es étonné de me voir soucieux d’un bon serviteur, vieilli dans ma maison, et qui marche encore, à cette heure, perdu, sous l’orage, au milieu des dangers de la nuit, pour mon service.

Enfin, dans cette demeure, dont tu ne daignas que persifler le deuil, l’âge et la gloire, — alors que tu dois au seul héroïsme des aïeux dont les présences l’ont bénie d’être le peu que tu sembles,