Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/189

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comme on écarte une pierre de son chemin, — sans que ta mort interrompe, en mon esprit, le cours d’une seule de ces pensées — plus hautes que ce qui nous occupe — et qui te sont inconnues. Tu es néant et je te nie, sans craindre un seul remords. Je ne t’en veux pas, je ne te vois pas. Pour moi, tu es inanimé : tu es l’éternel phalène qui, de lui-même, est accouru se détruire à l’éternel flambeau. — Sur ce, vous voici prévenu. J’ai dit.

Le Commandeur, à lui-même

Oh ! je veux en apprendre encore, avant de le tuer ! — Haut, froidement. — Tu m’as distrait, tu t’es fatigué ; c’est le plus clair de ta harangue. Résumons. Tu veux soustraire à différents États de l’Allemagne des sommes absolument démesurées et — je te gêne. Bien. En ces conjonctures, comte… il laisse tomber son épée dédaigneusement, je ne me bats plus. Je n’ai vraiment pas à faire cet honneur à des larrons, — fussent-ils de ma famille.

Axël, tranquille et grave, à haute voix

Si mon trop secourable père ne vous eût accordé, par fatigue, jadis, l’honneur de toucher sa main — et de vous apparenter (en son indulgence distraite, qui, depuis deux heures, vous protégea),