Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/199

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en vérité, de bien lourds — et bien stériles — sacrifices de sang, de temps et d’or… même pour subir d’être repoussé. Aucune cavalerie ne pourrait se mouvoir en cette région, — dont les cartes militaires, d’âge en âge rectifiées selon les usages nouveaux, sont entre mes seules mains ; j’ajouterai que je n’aurais pas attendu l’irruption soudaine de régiments ennemis, pour en connaître. Il faudrait donc d’autres éléments pour m’attaquer. — De grosses troupes de pied, aventurées dans l’exceptionnelle Forêt, sembleraient, seules, pouvoir parvenir, bien que malaisément et en désordre, aux approches de mes douves, là-bas. — c’est-à-dire sous mon perpétuel feu direct, avant tous ouvrages.

Car les créneaux oubliés de ce château-fort furent pourvus, en d’autres temps, de quarante-huit pièces de siège, oh ! toujours bien luisantes, et, sur un appel, elles seraient desservies, fût-ce demain, par une garnison de rudes vétérans, — leurs familiers. — De la hauteur que domine ce burg, leur puissant feu plongeant couvre plus de deux lieues de zone, et le terreau de cette zone est tenu constamment en état de fournir, en deçà des tranchées, de très suffisantes ressources de pain, de vivres, d’eau, de munitions même. Quant à mes casemates, leurs soutes demeurent, comme par le passé,