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Le Commandeur, l’épée haute

Cette fois, c’est moi qui vous attends, monsieur.

Axël, tranquille, tombant en garde

Me voici.

Les deux adversaires, se rapprochant avec rapidité, ont engagé seulement les avant-pointes de leurs lames. Les attaques du commandeur d’Auërsperg se succèdent, pressées, avec une vitesse de détente aux allures supérieures. Axël, hautain, en a froissé, autant de fois, le fer en de si dures parades que des étincelles ont jailli. Quelques instants ainsi se passent.
Maintenant, les épées, averties, et s’étant comme évaluées, ne se rencontrent plus. Se trompant l’une l’autre, en feintes serrées, elles se devinent et s’évitent. Elles semblent deux lueurs frémissantes, se rejoignant sans cesse et miroitantes, sous les torches, en des enlacements sans contact visible, presque sans bruit. — Spontanément, deux coups, d’aspect mortel, mais rencontrés, en leur même éclair, par la garde sévère du jeune comte, lui sont portés à toute vitesse. — Axël, depuis les quelques minutes où les lames se sont croisées, n’a pas encore tendu le bras une seule fois. — Au dehors, à chaque instant, éclats de tonnerre.
Le Commandeur, à lui-même, rompant d’un pas, et comme saisi d’une surprise sombre

Eh ! mais… je sens — que je suis perdu.

Les yeux de Gotthold, jusque-là soucieux, ont suivi le