Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/257

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rie n’étant, devant la Mort, qu’une vanité. Regardant le grand écusson sculpté dans la muraille et sur lequel tombe une effusion de lumière de la lampe : Mais vous, granitiques sphinx aux faces d’or, qui semblez supporter le secret de la Toute-richesse, soyez évoqués, êtres de rêve ! — ô figures d’au delà, je vous adjure, — par la plus effroyable des choses, par l’indifférence du Destin ! Je vous ordonne de relever de son normal silence la solitaire Tête de mort qui aggrave, d’un symbole, le signe d’une race que je résume, afin que cette Tête me donne à entendre, — soit d’une lueur de ses orbites, soit de tel acte miraculeux, d’une parole, — l’énigme de ces pierres radieuses qui ornent son bandeau, — afin qu’elle me révèle ce que signifie, enfin, l’auréole de ces mots sacrés : Altius resurgere spero gemmatus.

À peine a-t-il prononcé les paroles de cette devise, qu’il tressaille, comme écoutant un bruissement de pas qui se rapprochent, invisibles.
Relevant la tête, il semble oublieux, tout à coup, de ces mêmes paroles, — et comme en proie à quelque humaine distraction, provenue de ce bruit de pas inattendu.

Qu’est-ce donc ? Est-ce le cri du vent ? Depuis un instant, je crois entendre… oui… l’escalier est sonore et quelqu’un marche très doucement. — Ukko, sans doute ?… Non ! J’ai défendu tout à l’heure que personne revînt ici.