Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/266

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C’est à moi seule de… disparaître. À elle-même : Avant une heure, j’aurai bu le suc de cet anneau mortel et nous serons délivrés l’un de l’autre.

Elle le regarde.

Mais, vous chancelez — et je vous vois devenir, d’instants en instants, plus pâle. Tout à l’heure, avec ces armes, j’ai dû vous blesser : je le regrette. Je ne voulais que vous tuer. Il faut que l’un des deux survive. — Attendez.

Elle ôte son voile et marche vers le bénitier funèbre.
Axël

Rien. Vos balles m’ont effleuré la poitrine… à peine. — Laissez !

Sara

Ces dentelles mouillées de cette eau glaciale… — l’eau froide empêche le sang de couler. — Appliquez cela, — tenez !

Ayant ramassé le poignard, elle s’approche, puis elle coupe les boutons de fer du vêtement d’Axël, en silence. Ensuite, rejetant l’arme au loin, elle applique, impassible, sur la poitrine du comte d’Auërsperg, le grand voile noir tout trempé de l’eau funéraire.
Axël, à lui-même, la regardant

À travers ces vitraux, les astres la couvrent de