Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/276

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au nord de France. Là dorment mon père Yvain de Maupers, noble paysan, — ainsi que ma mère, une auguste rappelée du Ciel !

Se tenant par la main, tous deux marchent vers un mausolée ; une féminine statue aux mains jointes est étendue sur la pierre, un lévrier sculpté à ses pieds.

— C’est ta jeune mère, n’est-ce pas ? — Oui, tu as ce noble front… et, vois, que de mélancolie ! Oh ! que de fois n’ai-je pas ressenti que sa douce main s’appuyait, invisible, sur la mienne, lorsque j’entrouvrais son livre d’Heures, au monastère !

Elle s’incline : puis à demi-voix.

— Madame, vous le voyez : je donne à votre enfant tout ce que je suis.

Axël, relevant la tête

Au monastère ?

Sara, s’éloignant, la main appuyée à l’épaule d’Axël

Je parle d’une abbaye où toute ma jeune vie fut détenue… Je crois me souvenir, même, d’y avoir souffert.

Axël, tressaillant, — et d’une voix basse, contrariée, saccadée

Ah ! le mendiant s’assoira demain sur quelque