Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pierre dispersée de cette bâtisse ! Elle n’est plus. — Le nom de cette abbaye ?

Sara, d’une voix douce et en repoussant doucement, du pied, d’importunes pierreries sur le sable

Ô mon frère Axël ! Il est si difficile aux offenses de m’atteindre que la clémence envers elles ne m’est d’aucune gloire. Songe ! Des cœurs condamnés à ce supplice de ne pas m’aimer doivent-ils être encore punis d’un tel malheur ! Et, s’ils furent coupables, en quelque passé plus lointain que la vie, au point de s’être créé cet actuel tourment, ne sont-ils pas assez infortunés d’être d’une telle nature ? Nous ne devons que les plaindre. — Me haïr ? Tu ne saurais excéder, pour eux, ce châtiment.

Pensive, — pendant qu’ils semblent oublieux du grand trésor :

Certes, en ce cloître, j’ai vu des yeux cruels où la Foi ne brûlait qu’en renvoyant la lueur d’une torche de bourreau. À ces yeux, le ciel ne semble pas assez sombre ; ils trouvent utile que la fumée des bûchers s’ajoute à ses nuages. J’ai entendu battre des cœurs menaçants, — où la Crainte, éperdue, d’un Dieu… — de l’idée, n’est-ce pas, qu’ils se font de Dieu ! — s’aveugle, elle-même, jusqu’à se croire l’Amour, — où le « Commencement de la