Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/279

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gnation de son jeune élu. Des représailles de sang et de feu flambent dans les yeux d’Axël, — qui, certes, exécutera ses rêves d’extermination, dès ses premiers jours de toute-puissance.
Elle tressaille en l’enveloppement de ce vaste amour vengeur. Après un long silence, elle se laisse tomber aux genoux de son jeune amant.
Tout illuminée, en ses noirs vêtements, par la lampe, les scintillations des pierres précieuses éparses autour d’elle et le voisin éclat du flambeau, elle appuie ses pâles mains sur la poitrine haletante du jeune homme ; — celui-ci recule, saisi de trouble et comme ébloui ; — mais elle le suit, agenouillée, sur le sable de l’allée mortuaire.
Sara, d’une voix étrange et grave

— Axël ! fais grâce à cette prison sainte, — au nom des vitraux où la lumière du soir me semblait si belle ! au nom des orgues, qui, sous mes doigts, ont pleuré de si lourds sanglots ! au nom de ces froids jardins, où s’est assise, tant de fois, ma mélancolie !…

Je t’intercède encore au nom d’une toute jeune fille, aussi pâle que nous, mais pareille aux séraphins de l’exil — et dont le cœur, consumé de l’amour natal, était si épris de sacrifices… qu’il me donna la fleur de ses rêves candides, préférant se perdre à se garder !

Grâce ! au nom de cette enfant que j’ai désolée ! Oh ! par ses yeux purs, encore troublés de ma